Le village de Longages est né et s’est développé à l’ombre du couvent des religieuses de Fontrevault. Le couvent était une étape pour les pélerins sur la route menant de Saint-Jean-de-Compostelle à Saint-Bertrand-de-Comminges. En 1093 est créée une célèbre abbaye de bénédictines à Fontevrault, par Robert d’ARBRISSEL, afin de servir de maison d’éducation pour les demoiselles de France et les jeunes filles de la noblesse. Cet ordre était soumis à la toute puissance des femmes. L’abbesse du couvent était seigneuresse du lieu sur lequel celui-ci était implanté. En 1114, une terre est cédée par la comtesse de POITIERS à Robert d’ARBRISSEL, ce don lui permet de fonder son monastère à Lespinasse. Le Prieuré de Longages quant à lui bénéficia de nombreuses donations qui lui permirent de se constituer un important domaine. En 1130 le chapitre Saint-Sernin de Toulouse lui remet en toute propriété le dimaire de Genestos qui s’étendait entre ceux de Longages, de Dalbs et de Lavernose. Cette donation permet la création du couvent de Longages rattaché à celui de Lespinasse. Tandis que d’autres donations contribuent à l’épanouissement du couvent. En 1151, Olivier de Longages fait donation de tous ses biens du lieu-dit. Et en 1156, Martin de Maignouac donne à l’ordre de Fontrevault et au couvent de Geneste et Longages tous ses fiefs et honneurs dans les territoires de Geneste et Longages. Mais il y eut également les donations des seigneurs de COMMINGES, de MONTAUT, de NOE et de MARQUEFAVE. Le couvent de Longages est reconnu figurer parmi les quatorze plus beaux que compte l’Aquitaine, dès 1156 sous la direction de la première prieure, NAVARRE.
Par une bulle du 11 juillet 1317, le Pape Jean XVII crée le diocèse de Rieux et y rattache le couvent de Longages. Le couvent devient alors le lieu d’accueil des demoiselles les plus distinguées du diocèse de Rieux. En 1322, pour assurer, en ces temps troublés, une meilleure protection des biens du Prieuré, l’abbesse du couvent conclut un acte de paréage avec le Roi. En 1475, Marie de BRETAGNE, 26e abbesse du couvent réforme l’ordre, mais la sévérité est rapidement rétablie par Anne d’ORLEANS. Dans le même temps une charte de coutumes et de privilèges est concédée aux habitants de Longages par les Rois de France, François 1er et Charles IX en 1526 et 1565. Malgré les ruines et pillages épisodiques le Prieuré était devenu particulièrement opulent au XVIIe siècle. En 1743, le monastère avait une fortune non négligeable évaluée à trois millions au moins. Le couvent possédait alors pas moins de sept métairies, le Prieuré, Sabatouse, Gaujouse, Pandèle, Lambert, Garros, le chemin de Carbonne, ainsi que deux moulins à eau sur la Louge, le bois de Labarthe et une briqueterie.
A la Révolution, le commissaire du gouvernement, assisté de Théodore CAMPAGNE, maire de la commune de Longages, et de deux assesseurs Vital FAUCHE et Bernard CAMIN procèdent à l’inventaire des biens et du mobilier du couvent. Il est ensuite mis aux enchères publiques à Muret en tant que bien national et acquis le 6 février 1791, par le sieur SARRANS, négociant en vin, au prix de 80 000 Francs. Comme pour tous les biens nationaux achetés à cette époque, la somme fut réglée en assignats, monnaie alors dévalorisée et reconnue seulement par l’Etat. Le couvent fut donc cédé pour une somme dérisoire. Il fut presque entièrement démoli et les trésors, richesses et matériaux dispersés par la vente. Il n’en reste que le mur d’enclos et quelques communs.